06 novembre 2024
Même si, par définition, elles sont souvent faiblement concentrées, les pollutions diffuses impactent sols et sédiments sur de larges étendues. A priori, sans danger à faible dose, leur accumulation dans le temps peut les rendre nocives pour l’environnement. En Pays de la Loire, plusieurs équipes de chercheurs qui travaillaient sur le sujet ont choisi de se fédérer autour de la problématique de ces pollutions diffuses dans le continuum terre-mer. Ainsi est né en 2015 le projet Pollusols. Il réunit six laboratoires porteurs (1), soit près de 50 chercheurs, ingénieurs et techniciens, 10 doctorants, post-doctorants et ingénieurs, issus des sciences dures (physique, chimie, biologie…), mais également des sciences humaines et sociales comme le droit, la sociologie, la psychologie…
Améliorer la compréhension
D’un budget d’1,7 million d’euros, il est financé par la Région des Pays de la Loire à hauteur d’1,2 million au titre du dispositif Dynamiques scientifiques pour une durée de cinq ans. « Clairement sans l’aide la Région, nous n’aurions pas pu mener ce projet », souligne Chloé Besnard, chargée de projet à l’Université de Nantes. « L’objectif de Pollusols est d'améliorer la compréhension de l'ensemble du cycle de pollution, de proposer des outils pertinents pour la gestion des sols et sédiments pollués, et de communiquer auprès du grand public sur le rôle des sols et de leur gestion durable », indique Thierry Lebeau, directeur de l’OSUNA et coordinateur du projet. « Nous travaillons dans une approche globale, c’est-à-dire depuis les sources des pollutions à leurs impacts. Et nous nous intéressons principalement aux polluants inorganiques, c’est-à-dire les métaux lourds qui ne se dégradent pas tout seuls. »
Plusieurs sites de recherches
Plusieurs sites ont été identifiés en région, comme la Commanderie, une ancienne mine d’uranium aux confins de la Vendée et des Deux-Sèvres, la Prairie de Mauve à Nantes où se trouve notamment une ancienne déchèterie, des sites viticoles dans la région de Vallet (44) où la bouillie bordelaise, faite à base de sulfate de cuivre, est très utilisée pour lutter contre les champignons. Des jardins familiaux situés au Nord de Nantes font également l’objet de travaux de recherche. « Victime d’une pollution au plomb d’origine naturelle, le site a été en partie réhabilité par la Ville de Nantes », explique Chloé Besnard. « Une parcelle a toutefois été conservée et mise à disposition de nos chercheurs qui étudient un système de dépollution par les plantes, la phyto-remédiation », précise Thierry Lebeau.
Véritable réceptacle de tous les polluants (cuivre, plomb, platinoïde, zinc, uranium…) émis par différentes sources en amont du fleuve, l’estuaire de la Loire est aussi sous la loupe des chercheurs. « Les chercheurs tentent de déterminer d’où viennent ces polluants, comment ils se transfèrent du sol au fleuve car tous les polluants ne circulent pas de la même manière, quels sont leurs impacts, les solutions possibles pour y remédier… »
Vulgarisation, prise de conscience
« En parallèle de ces activités, nous effectuons un travail de vulgarisation pour faire prendre conscience au grand public de la problématique de ces pollutions diffuses qui peuvent s’avérer à terme plus nocives qu’une pollution localisée », rappelle Thierry Lebeau.
Conférences, débats, interventions dans les lycées… Les membres de Pollusols multiplient les actions dans ce sens. Les recherches ont également donné lieu à de nombreuses publications scientifiques. « La structuration que nous avons pu mener grâce à Pollusols a permis de fédérer les laboratoires, de créer une dynamique en région et d’être ainsi reconnus au niveau national. Nous cherchons maintenant d’autres financements pour poursuivre ces recherches. »
À NOTER
Le 14 novembre prochain, POLLUSOLS organise une journée intitulée "La prise en compte de la qualité des sols en planification et aménagement urbains - Problématique multi-acteurs : quelles clés pour des collaborations réussies ?", à destination des professionnels de l’aménagement urbain. Objectif : rassembler les différents acteurs travaillant sur la qualité des sols urbains, afin d'identifier les interactions positives et les clés de collaborations réussies.
(1) Le projet POLLUSOLS est porté par l'OSUNA (Observatoire des sciences de l'univers de Nantes Atlantique, de l'Université de Nantes), et rassemble :
- l'Université de Nantes
- LPG : Laboratoire de planétologie et géodynamique
- LEMNA : Laboratoire d’économie et de management de Nantes Atlantique
- l'IFSTTAR (Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux) - Laboratoire Eau et Environnement
- l'IFREMER - Laboratoire bio géochimie des contaminants métalliques
- le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) - Direction des Pays de la Loire
- l'Institut Mines Télécom Atlantique - Laboratoire SUBATECH Laboratoire de physique subatomique et des technologies associées